L’Alsace : une identité régionale complexe
Mélange de deux cultures et de deux nations, l’identité régionale des Alsaciens est complexe. Celle-ci se caractérise par une originalité linguistique, juridique et confessionnelle.
Chaque étape de son histoire a été marquée par les annexions et les libérations. Depuis 1870, l’Alsace est habituée à être instrumentalisée : la province est successivement perdue puis retrouvée.
Le rattachement à l'empire allemand et la première guerre mondiale [1871-1919]
La guerre franco-allemande, engagée par Napoléon III le 17 juillet 1870, oppose le Second Empire et les royaumes allemands unis derrière le royaume de Prusse. Elle se solde par une défaite française et l’annexion de l’Alsace-Lorraine par la Prusse.
Les Alsaciens ont alors le droit de choisir leur nationalité, française ou allemande. Robert Breitwieser revendique la citoyenneté française.
Le début du XXe siècle est marqué par la montée des impérialismes, les rivalités économiques et coloniales entre puissances européennes et le jeu des alliances de l’époque favorisent un climat de tensions en Europe.
Robert Breitwieser grandit dans ce contexte particulier ; il a quinze ans lorsque la Première Guerre mondiale éclate.
L’Alsace dans l’Entre-deux-guerres [1919-1939]
En 1919, le traité de Versailles consacre le retour de l’Alsace à la France. La région redevient donc française, après avoir été, pendant près de 50 ans un territoire de l’Empire Allemand (Reichsland). Les Alsaciens changent à nouveau de nationalité et l’ensemble de la vie quotidienne est bouleversé.
Robert Breitwieser est en marge de ces tensions, cultivant ses relations avec des artistes et intellectuels allemands. Après ses années de formation à l'Ecole de Munich entre 1920 et 1922, il revient à Mulhouse.
L’Alsace pendant la Deuxième Guerre mondiale [1939-1945]
A l'issue de ce qu'on a appelé la "drôle de guerre" ou la "guerre assise" (Sitzkrieg) en allemand, qui s'étend de septembre 1939 à juin 1940, l'Alsace-Lorraine est annexée par le IIIe Reich. Les Alsaciens et les Mosellans sont alors considérés comme des Volksdeutsche (membres de la communauté du peuple allemand), et non comme des Allemands à part entière vivant sur le territoire du Reich.
Quand la guerre éclate, Robert Breitwieser se trouve à Mulhouse avec sa famille. Il ne pourra plus revenir à Paris avant la Libération. Son fils, Claude, menacé d’être enrôlé dans l’armée allemande rejoint la zone libre.
Le 21 mars 1945, l'Alsace-Lorraine est redevenue française.
Après la Deuxième Guerre mondiale
Après la Deuxième Guerre mondiale, le retour à la France ne se fait pas sans tension. Les évènements de 1939-1945 ont engendré de nombreux dégâts matériels, de nombreuses pertes humaines (en Alsace, la population est passée de 1.220.000 à 1.145.000 habitants, et en Moselle de 696.000 à 612.000). En ajoutant les milliers de disparus et de blessés, le bilan est très lourd.
Dès la fin de la Guerre, l’Alsace se rapproche rapidement de l’Hexagone. Son évolution socio-économique est comparable au reste de la France et l’urbanisation croissante homogénéise les modes de vie.
Bien que l'Alsace-Lorraine revendique une certaine spécificité régionale, elle semble, dès les années 1950, incarner la réconciliation franco-allemande et la construction européenne – la situation emblématique de Strasbourg.
Robert Breitwieser nous parle peu de la guerre et des souffrances qu'ont connues les Alsaciens entre 1870 et 1950. Il nous laisse toutefois un regard singulier sur la région, ses villages, ses forêts, ses plaines, ses champs, ses habitants.